Vivre en prison

Vivre en prison

Gauche : Prison de Saint-Antoine, 23.01.1964. Photo : Mick Desarzens. Bibliothèque de Genève | Droite : Prison de Saint-Antoine, Genève. Sanitaires, fin des années 1970. Cléopâtre Montandon et Bernard Crettaz, Paroles de gardiens, paroles de détenus : bruits et silences de l’enfermement, Genève, Médecine et hygiène, 1981, p. 175.

Récits autobiographiques, mémoires et lettres : les traces écrites laissées par les justiciables sont des sources essentielles pour connaître le vécu dans les établissements et les conditions sanitaires.

Autobiographie de Maria Popesco, mise en détention à Saint-Antoine avant sa condamnation en 1946 par la Cour d’assises à Genève :

«Cellule : plancher par terre, lit de fer sur lequel une paillasse de feuilles de maïs tient lieu de matelas, un tabouret, une table et bien entendu la “tinette”, dans laquelle on vide tout ce qui est à vider, autour de soi et en soi ! Pour se laver un broc et une cuvette métalliques. C’est la clinique annoncée !».

Maria Popesco, Entre deux mercredis, Neuchâtel, La Baconnière, 1962, p. 31-32.

Témoignage d’un détenu à Saint-Antoine âgé de 48 ans, condamné pour infraction contre les droits pécuniaires :

«Je ne vois pas pourquoi il faut ajouter à la privation de liberté la déchéance physique et morale. Pourquoi nous mettre dans une cellule à trois et avoir une toilette rudimentaire et être obligé de faire nos besoins les plus intimes en présence de tiers ? Ça j’estime ce n’est pas aider la personne. Si la prison est faite pour réhabiliter c’est certainement raté».

Cité in Cléopâtre Montandon et Bernard Crettaz, Paroles de gardiens, paroles de détenus: bruits et silences de l’enfermement, Genève, Médecine et hygiène, 1981, p. 180.