Les Prés-Neufs : un asile vaudois providentiel

Moreau Mikhaël et Ferreira Cristina, «La thérapeutique par le travail contraint à la colonie agricole pénitentiaire des Prés-Neufs (20e siècle)», Tsantsa, Revue suisse d’ethnologie, n°25, 2020, p. 30-43.
Etablissements de la Plaine de l’Orbe, les Prés-Neufs, bâtiment principale. In : Henri Anselmier, Les prisons vaudoises (1872-1942), Lausanne, Bibliothèque historique vaudoise, 1993.
Pénitencier de la Croisée à Orbe (VD)

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«Construction en 1932 d’un établissement pour des internés volontaires, souffrant d’alcoolisme. Premières transformations en 1983 en vue d’accueillir des prévenus». Tel est le résumé sibyllin de l’histoire de La Croisée , actuelle prison préventive vaudoise et lieu de détention pour de courtes peines, située sur le chemin des Prés-Neufs. Entre 1932 et 1983, un demi-siècle se trouve ainsi effacé.

C’est à la restitution de l’histoire de cette institution vaudoise, fondée sur le modèle pénitentiaire de la colonie agricole, que cet article est consacré. Située dans le complexe pénitentiaire des Établissements de la Plaine de l’Orbe (ÉPO), la maison des Prés-Neufs remplit des fonctions coercitives et socialisatrices. Initialement prévus pour le relèvement des buveurs internés par voie administrative, les Prés-Neufs sont aussi désignés dès 1942 pour l’exécution de mesures pénales de sûreté. Jusqu’au moment où se profile une réaffectation du bâtiment à l’aube des années 1980, se retrouvent ainsi sous le même toit des alcooliques «incurables» ou aux prises avec la justice et des « anormaux et psychopathes » à responsabilité atténuée. A partir d’archives, nous découvrons la vie quotidienne de cet établissement, l’identité de ces hommes, leur travail et leurs doléances.