«De la stigmatisation à la victimisation» : thèse de doctorat, Sandrine Maulini
Ces dernières années, la société helvétique s’est vue intimer un retour critique sur l’histoire de sa politique sociale : anciens enfants placés, internés administratifs et personnes stérilisées de force par le passé interpellent les pouvoirs publics. En conséquence, une vaste politique mémorielle se déploie depuis une dizaine d’années, incluant enquêtes historiques, excuses officielles et indemnisation.
Jusqu’au début des années 1980 en effet, des «mesures de coercition à des fins d’assistance» ont visé des populations généralement issues de milieux défavorisés et assimilées à des désordres qui, bien que non délictueux, n’en représentaient pas moins un intolérable social et moral. Alors largement stigmatisées et marginalisées, ces personnes sont aujourd’hui officiellement reconnues comme des victimes d’injustice méritant réparation.
La thèse de Sandrine Maulini – De la stigmatisation à la victimisation – vise à comprendre ce renversement. Elle interroge les enjeux de cette reconnaissance publique et ses limites, en s’intéressant plus particulièrement à la problématique des internements administratifs. Il s’agit de dégager les conditions socio-historiques nécessaires à l’affirmation et à la reconnaissance d’une identité victimaire susceptible de légitimer des revendications tant mémorielles que matérielles.
Cette recherche en cours repose sur une documentation variée : archives constituées autour de la pratique et de la contestation des internements, sources politico-législatives, productions médiatiques et testimoniales.
Pour en savoir plus
«Réhabiliter les “éléments dangereux pour la société” ? La politique mémorielle à l’égard des internés administratifs en Suisse», Tracés, revue de sciences humaines, n°37, 2019.